Intérêts et utilisation des tests génétiques



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Depuis le séquençage complet du génome du chien en 2005  avec plus de 20 000 gènes cartographiés, les tests ADN chez les carnivores se sont développés à la vitesse grand V. Vétérinaires ou particuliers y ont aujourd’hui de plus en plus recours, les premiers pour détecter des maladies génétiques, les seconds pour des contrôles de filiation ou de races. Quand Les experts rejoignent la réalité…




 Identification génétique et contrôle de filiation

Principe

Le laboratoire établit pour un chien donné une empreinte génétique, qui est une combinaison unique de 10 marqueurs génétiques appelés microsatellites. Un marqueur génétique est une séquence d’ADN aisément détectable.

Un microsatellite est un marqueur génétique formé de la répétition d’un motif lui-même constitué de 2 à 10 nucléotides.  Selon ce motif, chaque microsatellite est symbolisé par des lettres, de A à Z. Comme les chromosomes vont par paire, chaque chien possède deux copies de chaque microsatellite (une venant du père, une de la mère).

La combinaison de 10 marqueurs est unique et propre à chaque individu (c’est la technique utilisée pour identifier un individu en médecine légale). Deux chiens ne peuvent pas avoir la même empreinte génétique sauf s’ils sont de vrais jumeaux. Les contrôles de filiation se font chez les chevaux de sang depuis longtemps.

Intérêt 

Il est double pour l’éleveur : garantir l’origine d’un individu de valeur pour la race et contrôler la filiation (s’assurer que les parents déclarés sont bien les parents biologiques).

Le test permet de certifier les pedigrees car il faut savoir qu’en élevage, en moyenne 20 à 30 % des chiots seraient issus de saillies « accidentelles «. C’est un moyen infaillible de garantir l’origine des chiots.

Prélèvement

A partir d’un frottis buccal effectué et authentifié par le vétérinaire.

Résultats

Le propriétaire reçoit une « carte d’identité génétique » du chien portant ses références (nom, race, sexe, date de naissance, n° d’identification électronique) et son empreinte génétique à 10 x 2 lettres (ex : AB GH EE DE CF EF BB HB FD CC).

Cette carte d’identité permet de vérifier pour un chiot qu’elle est compatible avec celles des géniteurs déclarés, c'est-à-dire qu’il a bien hérité d’une copie de son père et une copie de sa mère pour chaque microsatellite.

Tests de dépistage de maladies génétiques 

 Principe

 Beaucoup de maladies héréditaires ont pour origine la mutation d’un gène (fragment d’ADN qui porte des informations nécessaires à la fabrication des protéines).

A partir du moment où la mutation est identifiée, le test génétique peut être mis au point.  

 Intérêt

 Environ 500 maladies génétiques ont été identifiées chez le chien et plus de la moitié se transmettent selon un mode mandélien autosomal récessif, ce qui veut dire qu’un éleveur ne peut pas différencier un individu sain d’un porteur sain de la mutation.

Par ailleurs, pour une maladie donnée, les signes cliniques peuvent n’apparaître que tardivement. Or le chien risque entre temps de se reproduire et transmettre la tare génétique…

Ces tests permettent de dépister et d’exclure précocement de la reproduction des porteurs de la tare afin de l’éradiquer de la race.

Autres intérêts : celui du diagnostic chez un chien malade et celui de dépister des chiens atteints avant l’apparition des symptômes afin de mettre éventuellement en place un traitement précoce.

Prélèvement

Prise de sang ou d’urine ou frottis buccal effectués et authentifiés par le vétérinaire.

Résultats

Aujourd’hui, des tests sont proposés dans des laboratoires spécialisés pour une soixantaine de tares génétiques chez le chien de race. Citons l’atrophie progressive de la rétine chez les retrievers, le caniche, le husky, etc., l’anomalie de l’œil du colley, la cystinurie du Terre-neuve.

Tests de sensibilité médicamenteuse

 Principe

Une mutation survenue sur un gène peut entraîner une sensibilité (c’est-à-dire une réponse non désirée et négative) à certaines molécules médicamenteuses. Ainsi, une anomalie sur le gène MDR1 du chien peut perturber le métabolisme de l’ivermectine (antiparasitaire), entraînant une accumulation de la molécule dans le cerveau et des symptômes d’intoxication souvent fatals.

Intérêt

 Vérifier avant la mise en place du traitement que le chien va tolérer le médicament.

Prélèvement

Prise de sang effectuée par le vétérinaire.

Résultats

 Une sensibilité d’origine génétique à l’ivermectine a été identifiée (et est donc systématiquement recherchée) chez les races colley, border collie, Shetland, berger australien, berger allemand, teckel.

Tests d’identification des races chez un chien croisé  

 Principe

Il existe une grande diversité phénotypique au sein des races canines avec pour chacune une grande similitude génétique. Des empreintes génétiques raciales ont été identifiées chez des dizaines de races parmi les plus communes et ont permis la mise au point de tests de dépistage. Il est ainsi possible de connaître les origines raciales d’un chien sans pedigree.

Intérêt

 Les propriétaires sont toujours curieux de connaître les origines raciales de leur chien quand les parents de ce dernier sont inconnus ou non de race pure. Le test permet de mieux comprendre (ou prédire) la morphologie d’un chien croisé et d’avoir une idée sur son caractère, ses besoins en matière d’alimentation, d’exercice, de soins. L’intérêt est aussi médical car il permet de savoir si le chien est, par ses origines, prédisposé à certaines maladies ou anomalies.

Prélèvement

A partir d’un frottis buccal effectué par le vétérinaire ou le propriétaire.

Résultats

Les races ayant contribué à plus de 12,5 % à la composition génétique du chien sont indiquées sur un certificat, avec l’influence réciproque de chacune.

Autres tests

 Prédiction des couleurs

 Utilisés essentiellement en élevage canin et pour certaines races, ces tests génétiques permettent à l’éleveur de savoir si un (futur) reproducteur porte ou non certaines couleurs de pelage.

Le but est de favoriser ou au contraire d’éradiquer (couleur merle chez le colley) certaines robes dans les portées.

Test queue courte

 Il existe une mutation génétique responsable de la queue courte identifiée chez une quinzaine de races.

La caudectomie étant interdite dans de nombreux pays européens et dans le monde, ce test permet au propriétaire désirant participer à un concours de races de prouver que la queue courte de son chien est naturelle. Les races concernées sont, entre autres, le berger australien, le Jack Russel terrier, le berger des Pyrénées, le schipperke.